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L’école de notre village, toute une histoire
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Villey le sec a la chance d’avoir un instituteur depuis 1700 (sous Louis XIV) et peut-être avant, contrairement à d’autres communes qui n’en n’avait pas du tout, ou certaines dont le curé assurait l’école. Le village est un village de vignerons et de cultivateurs. L’organisation de l’école dépendait donc des contraintes de la vie rurale. En effet le travail de la terre est très saisonnier et pendant certaines périodes de l’année, la famille doit pouvoir compter sur tous les bras disponibles.
C’est ainsi que les heures de cours et les vacances sont réglées sur les travaux des champs.
Au début du 18ème siècle l’instituteur donne ses cours dans une pièce de sa maison. Il enseigne la lecture, l’écriture et le calcul aux enfants que leurs parents lui envoient, hors période de fenaison, de moisson et de vendanges.
A cette époque l’instituteur est un « Régent d’école » qui signe un contrat d’engagement dans lequel sont mentionnées les tâches qu’il doit accomplir : faire dire les prières, instruire les enfants, sonner les cloches, servir l’église etc.
En 1797, (période du Directoire) « l’école doit être tenue toute l’année, à l’heure la plus commode pour les enfants, tous les après-midi : pendant l’hiver à 1 heure et pendant l’été à 4 h... dans le cas où ils devraient aller travailler »
En 1806, (sous Napoléon Ier), l’école a lieu de 7 heures à 11 heures et de 13 heures à 17 heures, les vacances sont fixées selon l’ancienne méthode : 8 jours de fenaison, 1 mois de moisson et 8 jours de vendanges.
L’enseignement quant à lui n’est pas obligatoire et les matières ne sont pas nombreuses. En 1793, on demande à l’instituteur d’apprendre aux enfants des deux sexes à bien écrire, ainsi que l’arithmétique à ceux qui en sont capables. En 1797, il doit apprendre aux enfants de la 1ère classe, la lecture, l’écriture, l’arithmétique et l ’orthographe. À ceux de la 2ème classe à lire et à écrire, aux petits les syllabes. À tous, leurs prières et catéchisme du diocèse, enfin tout ce que leur mémoire peut supporter. Suivant une ordonnance du 28 germinal de l’an 5, l’instituteur nommé est Monsieur Nicolas RÉMY.
Les fonctions de l’instituteur s’étendent aussi à l’hygiène, la morale, le civisme. Il doit aussi être présent aux réunions du conseil municipal sur demande du maire.
Qu’en est-il des diplômes de l’instituteur en 1695 :
Nous défendons, sous peine d’excommunication à toute personne laïque ou ecclésiastique de tenir une école, ni d’enseigner les enfants, sans une commission par écrit de nous (évêque) laquelle ne sera donnée qu’après avoir examiné sur la lecture, l’écriture, la doctrine chrétienne, le chant ecclésiastique et l’office divin, ceux qui voudront être maître d’école.
En 1832, le Conseil Municipal décide qu’il est urgent de se procurer une maison communale (on est sous le règne de Louis Philippe, Roi des Français). La commune achète une maison rue de Maron.
En 1836, cette maison devient le presbytère, pour accueillir le curé de la paroisse. Les enfants sont donc scolarisés directement chez l’instituteur, Monsieur Lhuillier, qui percevra une location pour la tenue de l’école.
En 1839, il est décidé de faire l’achat d’une maison pour l’école et la commune. Maison située au centre du village en face de l’église.
Montant de la dépense : 12 719, 30 francs.
En 1844, Eugène CHENIN qui a 20 ans, n’a pas encore rempli la fonction d’instituteur quand il est engagé à Villey le sec. Il sort tout droit de l’école avec un brevet de capacité pour l’instruction primaire.
Une décision est prise cette année-là :
le conseil prend en considération les réclamations des chefs de famille qui préfèrent payer la rétribution scolaire par année plutôt que par mois, considérant que la méthode de paiement mensuel est nuisible à l’instruction, en ce que pendant l’été, elle écarte beaucoup d’enfants de l’instruction et qu’ainsi elle devient préjudiciable à l’instituteur qui se trouverait pendant 6 mois sans élève, ce qui lui occasionnerait une perte de 160 francs.
En 1848, il est décidé d’ouvrir une classe rue du Moulin à vent, en location.
A Villey le sec, ils sont filles et garçons ensemble en classe. En 1828 une ordonnance royale rappelant une autre ordonnance de 1816 défend la réunion des filles et des garçons pour recevoir l’enseignement. Le conseil municipal faisant état de la pauvreté de la commune juge qu’elle n’a pas les moyens de payer une institutrice.
Il faudra attendre que le nombre d’élèves soit devenu vraiment trop important pour une seule classe. C’est en 1887 qu’une classe de fille est créée en faisant une cloison au milieu de la classe : Madame BLONDAT, la femme de l’instituteur s’en occupe. (Elle peut être institutrice car elle possède deux brevets pour l’instruction primaire).
En 1878, l’école de Villey le sec devient une école publique. (Troisième république en 1871).
En 1882, il est fait mention de deux classes de cours d’adultes.
Nous pouvons remarquer dans la liste des instituteurs qu’avant et pendant la révolution, les maîtres d’école restaient assez longtemps, ils s’implantaient au village comme Jean BARRETTE qui par exemple, enseigna pendant 15 ans et resta au village. Par contre de 1800 à 1880, les instituteurs se suivent à une cadence assez impressionnante, presque un par année scolaire, sauf pour Monsieur Jean LHUILLIER qui resta 23 ans. Dès le moment où une école fut installée à Villey le sec, jusqu’en 1880, les enfants durent payer pour être admis à l’école. Pour permettre à tous de s’instruire, le conseil municipal nomme tous les ans, 5 à 12 « enfants nécessiteux » et la municipalité paie leur « taux d’écolage ».
En plus de ce que lui paie chaque enfant, le maître d’école touche un fixe payé par la commune pour : la location de la salle d’école (maison instituteur), les écritures en mairie, les trois sonneries religieuses de la journée et les sonneries civiles à la demande du maire. Pour cela chaque habitant donnait 7 sols par an en 1797,1,2 francs en 1807 pour les cloches et la remonte de l’horloge. En 1832 par exemple, il est alloué 50 francs à l’instituteur pour la fourniture du pain pour le saint sacrifice de la messe et pour le blanchissage du linge de l’église.
L’école change
La loi du 16 juin 1881, appelée du nom du ministre de l’Instruction Publique Jules FERRY, rend l’enseignement primaire public et gratuit, ce qui permit de le rendre ensuite obligatoire par la loi de 1882 qui impose également un enseignement laïque dans les établissements publics. Jules FERRY élabore aussi quelques lois concernant l’éducation des femmes.
En 1886, l’école est gratuite, l’instituteur est payé par la communauté.
En 1900, avec Monsieur et Madame BLONDAT, l’école comptait beaucoup d’élèves, nous avons des photos de la classe des garçons et de la classe des filles.
En 1876, la commune de Villey le sec, envoie une lettre à Monsieur le Sous-Préfet de Toul demandant une cour de récréation pour les enfants de l’école qui étaient en récréation dans la rue et soumis aux allées et venues des ouvriers qui construisaient le fort.
En 1877, l’installation d’un instituteur se faisait dans les règles. Il était établi un procès-verbal de récolement du matériel qui se trouvait dans l’école.
En 1910, les élèves sont toujours nombreux.
Le système d’enseignement français est fondé sur de grands principes, certains inspirés de la Révolution de 1789, de lois votées entre 1881 et 1889 et sous les IVème et Vème Républiques ainsi que sur la Constitution du 4 octobre 1958 :
l’organisation de l’enseignement public, obligatoire, gratuit et laïc à tous les degrés est un devoir de l’État.
La liberté de l’enseignement
En France, le service public d’enseignement coexiste avec des établissements privés, soumis au contrôle de l’État et pouvant bénéficier de son aide (en contrepartie d’un contrat signé avec l’État).
La liberté d’organiser et de dispenser un enseignement est une manifestation de la liberté d’expression : elle est définie par la « loi Debré » n°59-1557 du 31 décembre 1959 sur la liberté de l’enseignement et les rapports avec l’enseignement privé.
Cependant l’État est le seul habilité à délivrer diplômes et grades universitaires : les diplômes délivrés par les écoles privées n’ont pas de valeur officielle sauf s’ils sont reconnus par l’État. La réglementation des examens se fait à l’échelle nationale.
Le principe de gratuité de l’enseignement primaire public a été posé dès la fin du XIXème siècle par la loi du 16 juin 1881.
La gratuité a été étendue à l’enseignement secondaire par la loi du 31 mai 1933. L’enseignement dispensé dans les écoles et les établissements publics est gratuit.
Les manuels scolaires sont gratuits jusqu’à la classe de troisième, ainsi que les matériels et fournitures à usage collectif. Dans les lycées, les manuels sont le plus souvent à la charge des familles.
L’enseignement public est neutre : la neutralité philosophique et politique s’impose aux enseignants et aux élèves.
Le principe de laïcité en matière religieuse est un fondement du système éducatif français depuis la fin du XIXème siècle. L’enseignement public est laïc depuis les lois du 28 mars 1882 et du 30 octobre 1886. Elles instaurent l’obligation d’instruction et la laïcité des personnels et des programmes. L’importance de la laïcité dans les valeurs scolaires républicaines a été accentuée par la loi du 9 décembre 1905 instaurant la laïcité de l’État.
Le respect des croyances des élèves et de leurs parents implique :
- l’absence d’instruction religieuse dans les programmes
- la laïcité du personnel
- l’interdiction du prosélytisme
La liberté religieuse a conduit à instituer une journée libre par semaine laissant du temps pour l’enseignement religieux en dehors de l’école.
Nouvel instituteur, Monsieur Stéphane ERRARD est né le 31 octobre 1907 à Montmédy dans le département de la Meuse ; il est décédé le 26 décembre 1983 à Saint-Benoît-la-Chipotte dans les Vosges.
Licencié ès lettres, il fut instituteur dans plusieurs villages lorrains, dont Custines puis Villey-le-sec, puis professeur à l’École nationale professionnelle.
Le 14 mai 1937, il est admis comme nouveau membre de la Société des sciences de Nancy 1.
Il fut également chroniqueur à la radio régionale pendant dix-sept ans.
Dans le domaine de la spéléologie, il explora plusieurs secteurs du département de Meurthe-et-Moselle, de 1938 à 1959. En particulier, il explora la vallée de l’Esch. Il a découvert et décrit le gouffre de la Grimo Santé entre novembre 1933 et juillet 1934 puis la grotte du Chaos [1] en 1938.
Il émit des hypothèses sur l’origine des cavités et le lien avec la tectonique locale.
Monsieur GÉRARDIN prend la suite.
En 1948, l’école compte plus d’une vingtaine d’élèves.
Sur cette photo une personne qui fut importante à la commune et notre école : Claude PRÉVOT
1956 marque l’arrivée au village, à bicyclette, de Monsieur Marcel BARTHÉLÉMY. Ce nouvel instituteur s’investit vraiment auprès des jeunes, non seulement à l’école, mais aussi à l’extérieur : club des jeunes, théâtre, ping-pong volley etc. En classe il fait construire aux enfants des avions en balsa qu’ils étaient fiers de montrer aux autres lors de compétitions entre écoles et clubs.
1959, début de la Vème République.
En 1973, la question de la fermeture de l’école se pose au village, mais finalement elle se maintient. Elle participe même à une fête des écoles. Pendant que les garçons fabriquent des avions en balsa avec Monsieur BARTHÉLÉMY, les filles font de la couture avec son épouse.
Monsieur BARTHÉLÉMY à la sortie de la classe en 1976. Un des attraits en cette période était la possibilité de tuer les vipères considérées à l’époque comme nuisibles. Les habitants et les enfants, les déposaient à l’école et recevaient en échange de l’argent de la Préfecture. Monsieur BARTHÉLÉMY jetait ensuite les vipères dans les cabinets ce qui faisait peur aux enfants qui n’osaient plus aller aux toilettes.
Toujours en récréation dans la rue. Une délibération de 1983 fait état du manque de cour de récréation, il est donc décidé d’en construire une sur un terrain du fort en dessous de l’école.
Au cours des années 80, nous faisons paraître au village un petit journal « Echos de notre village » dans lequel une page est réservée aux enfants de l’école. Quelques
exemples :
Monsieur GAFF avait fait l’éloge de l’école de village, car il était toujours question de fermer l’école.
L’année 1980 marque un tournant dans l’école de notre village. En effet, le nombre des enfants inscrit à l’école est en forte baisse. Le maire Claude PRÉVOT et son conseil Municipal prennent conscience que la perspective de fermeture de l’école au village n’est pas satisfaisante. Claude PRÉVOT entreprend la tournée des maisons du village ayant des enfants en âge d’être scolarisés, pour faire réfléchir les parents et déterminer la cause de l’abandon de l’école. Il s’avère que c’est surtout la garde des enfants entre les cours qui pose un réel problème. Pour obtenir assez d’inscriptions pour le maintien de l’école au village, le Maire cherche alors des gardiennes pour les enfants et encourage sa propre épouse à faire une garderie chez elle. Nicole PRÉVOT accueille donc un bon nombre d’enfants pendant plusieurs années. Et voilà, l’école est sauvée.
Le 27 juin 1980, suite à la nomination de la nouvelle institutrice Madame GAFF, en remplacement de Monsieur BARTHÉLÉMY en retraite, le Conseil Municipal soulève le problème de la réfection de l’école, du logement de fonction et de la salle du conseil en dessus de la classe.
Il est prévu dans les travaux d’installer un bureau de secrétariat de mairie dans le petit réduit à charbon de l’école pour la nouvelle secrétaire de mairie. Celle-ci remplacera Madame BARTHÉLÉMY qui part aussi en retraite et quitte le village pour son pays de naissance, Dieulouard. Petite information : une rue Marcel Barthélémy existe à Dieulouard, en reconnaissance de ses hauts faits de résistance.
La délibération du Conseil du 27 août devait entériner les travaux qui commençaient fin août et devaient être finis pour la rentrée. Pas de temps à perdre, pas de vacances pour le maire, son conseil et la secrétaire : toutes les entreprises en même temps, une surveillance des travaux incroyable, des administrations en alerte, nous valurent des péripéties difficilement racontables.
Finalement tout est prêt pour la rentrée et le secrétariat de mairie s’installe au 1er étage, en dessus de l’école.
Une délibération du Conseil Municipal du 23 septembre 1983 fait état d’un problème récurrent, la récréation des enfants qui est toujours faite dans la rue, devant l’église.
Des tractations sont entreprises avec le Conseil Général de Meurthe et Moselle qui consent à vendre le terrain pour le franc symbolique. Le conseil municipal accepte et demande des subventions pour réaliser les travaux qui sont énormes.
1985, les travaux de terrassement commencent avec l’aide de l’armée.
11 juin 1986, le Conseil Municipal accepte un nouveau devis d’aménagement de la cour de récréation et de l’aire de loisirs (achat toboggan).
Puis Madame GAFF s’en va, une fête lui est réservée. Agnès FAJON reprend l’école à partir de 1986.
1990-1992, la façade de l’école est ravalée et un escalier est créé pour accéder à la salle d’activité dans les locaux de l’ancienne mairie au 1er étage.
Le 23 mars 1998, le conseil municipal envisage une extension de l’école, un nouvel accès pour plus de sécurité. Le projet est important, coûteux : 587 000 francs HT, des dossiers de demandes de subventions sont faites pour faire face aux dépenses.
La commune achète un morceau de terrain à Madame MASCLAUX, voisine de l’école,
Les enfants sont obligés d’aller en classe à la « Maison de la Com », que la commune loue le temps des travaux.
Rentrée 1999, tout rentre dans l’ordre et l’école du village peut continuer son bonhomme de chemin. Mais jusqu’à quand ? Périodiquement un manque d’effectif fait craindre une fermeture de l’école.
Qu’en est t-il cette année 2014 ? La menace se fait pressante !
L’école de Villey le sec est finalement fermée à la rentrée 2015.
Documents d’archives départementales et communales réunies par Jean Pierre et Danièle URIOT. Photos et cartes personnelles, photos prêtées par Nicole PRÉVOT
[1] Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.
La grotte du Chaos est une grotte située sur la commune de Gondreville (54), en rive droite de la Moselle