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Toponymie
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Plusieurs personnes m’ont demandé : pourquoi ce lieu s’appelle-t-il comme ça ?
Voici la réponse : la toponymie nous promène dans le temps. C’est l’étude des noms que l’homme donne aux endroits d’un territoire. Ces endroits peuvent être vastes comme une grande forêt, « forêt de Haye », plus petits comme une rue, « la rue du moulin à vent » et même tout petits comme un enclos où se trouve une croix « la croix berger ».
De tous temps, l’homme a eu besoin de repères géographiques. Déjà quand il était nomade pour se souvenir des itinéraires empruntés, puis plus tard, quand il s’est fixé dans les villages, pour délimiter ce qui lui appartenait, oui ce qui appartenait à la communauté. Les noms des lieux ou les « lieux-dits » étaient presque une obligation dans l’organisation territoriale d’un village. Je dis « étaient » car, avec les moyens modernes comme l’informatique et la photographie par satellite, les situations de lieux sont devenues numériques.
Alors, adieu les « chambolène », « quatre Linettes », « Ramouettes », « petite Comtesse », « croisette », « friche le loup », « champ Coquin », « Louisonne », « Marie Briquette », « trésor », etc.
Admettez que tous ces noms sont plus évocateurs que des chiffres ?
Mais ne sombrons pas dans la mélancolie du « dans le temps c’était mieux ». Peut-être que les gens du cadastre nous en laisserons quelques-uns.
Tous les noms de lieux-dits n’ont pas été donnés au même moment, certains ont changés suivant les époques. Surtout après de grosses perturbations comme la guerre de trente ans (milieu du 17ème siècle) ou comme la construction du fort (fin du 19ème siècle). Une fois le nom donné, après quatre à cinq générations, peu de gens se rappellent la signification de celui-ci. C’est pourquoi il est très difficile maintenant d’en donner une explication. Mais certains érudits ont néanmoins émis quelques hypothèses. Voici quelques définitions retrouvées dans des livres spécialisés :
- Blanches bornes : contraire « octroi », borne en limite de territoire, une fois passé on ne payait plus de taxe (Villey était un village frontière avant que la Lorraine ne soit annexée par la France en 1766).
- Les trépassés : terrains donnés à la paroisse afin que les revenus de leur location soit employés à dire des messes pour les morts de la famille donatrice ou plus généralement pour les morts de la paroisse. Ces terrains peuvent s’appeler également « douaire ».
- Le chemin des pèlerins : ce chemin venant de Toul contourne notre village par le bas, c’était le chemin qu’empruntaient les pèlerins allant de Toul à St Nicolas de Port.
- L’anneau Géradé, s’écrivait anciennement « la noue Géradé » : la noue était une terre grasse et humide, sorte de près servant à la pâture des bestiaux. Géradé étant un nom propre.
- Moulin May : emplacement d’un moulin à vent (il devait se trouver derrière le réduit du fort). Maie ou Maye peut avoir plusieurs sens : planche où l’on pétrissait le pain, endroit d’une marre ou eau stagnante.
- Le champ coquin : champ où l’on se plait parce qu’il y a très peu de chose à faire. En d’autres termes, endroit de bonne terre et bonnes récoltes.
- Val St Evre : terres appartenant à l’abbaye de St Evre (Epvre) et se trouvant dans le vallon.
- La chalatte : chemin en creux, descendant fortement et dans lequel les eaux de pluie s’écoulaient en torrent.
- La pierre du haut coup : roche se trouvant au bord de la Moselle et la surplombant. En fait à l’origine, elle s’appelait du « Haut col » et aurait pu servir de perchoir à des hérons aux « longs cous » afin de pêcher les poissons, ils sont effectivement nombreux dans ce coin.
- petit veau traversant le chemin : en fait , petit vallon en travers du chemin.
On s’aperçoit que donner une explication à ces noms de lieux n’est pas chose facile, ce sont souvent des hypothèses. D’ailleurs, même les gens qui ont établi le cadastre de 1810, se sont fait piéger et ont donné le nom de « fontenotte » à la rue qui descendait à la fontaine (rue de Toul), alors que la fontenotte était un puits communal qui se trouvait rue de Maron. La rue de Toul s’appelait dans le temps « rue de la Trei », le bas s’appelait « rue d’en bas » et le haut « la rue d’en haut ». Trei ou tray en vieux français signifiant friche.
La place au centre du village avait pour nom « Emmy la ville ». La rue du fort s’appelait « la rue du moulin à vent » et le haut de la rue, « en son le Rue », ou « Euson la rue » ou « au fond la rue ».
Certains noms par contre n’étaient pas très romantiques ! Tels que « crottes de lièvres », « corvée », « trépassés » et que dire de « le bas de la raye », « le trou de la demoiselle » ; je me garderai bien d’en donner une définition. Je vous laisse y réfléchir...
Jean Pierre URIOT
Note : tous les noms de lieux cités dans le texte sont tirés du cadastre de Villey le sec établi en 1810 et de copies d’actes notariés.