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Déclaration de la guerre
par
Que se passe -t-il, au village, pendant cette période terrible de la guerre de 14-18 ?
Le calme du village est bientôt troublé par ce mot « guerre » qui est sur toutes les lèvres et l’animation des militaires n’est pas pour calmer les inquiétudes.
Nous dénombrons en cette année 1914, 365 personnes qui habitent le village et il faut y ajouter 315 militaires qui logent dans les casemates du fort et les batteries.
Le 31 juillet 1914, Emile Chrétien, le garde champêtre, va de maison en maison, distribuer aux réservistes les ordres de mobilisation individuels qui leur enjoignent de regagner leurs corps.
Ils se retrouvent sur la route de Toul, accompagnés un bout de chemin par les gamins du village.
Le soir, on cause longtemps rapportant les bruits qui courent, ou faisant part de ses inquiétudes.
Dés les premiers jours de mobilisation, le détachement du 6ième régiment d’artillerie à pied occupe le fort.
Le soir venu, les lanternes s’allument (pas d’électricité au village) et dans le lointain un clairon sonne le couvre-feu.
C’est alors qu’arrive à la mairie l’ordre de réquisition des chevaux, qu’il faut convoyer jusqu’à Toul ainsi que les affiches concernant la mobilisation générale.
Le maire engage discrètement les familles à ne pas attendre pour évacuer le village. Les évacués ne pourront emporter que 60 kg de bagages, ils se retrouveront en gare de Toul pour rejoindre leur lieu d’hébergement. Les bêtes appartenant aux partants seront réquisitionnés et formeront un troupeau à la charge des communes.
Il est aussi prévu de : faire le recensement des ressources en vivres du village, établir l’état des besoins des habitants qui sont restés, créer des cartes de ménage pour l’attribution de denrées, nommer une commission qui va gérer cette organisation, instaurer un laissez-passer obligatoire pour quitter le village, affecter des caves voutées aux familles pour les protéger des bombardements possibles, signaler les obus non éclatés, interdire de sonner les cloches. etc.
Le fort et le village furent surtout utilisés pour recevoir les troupes après un séjour dans les tranchées. Il y en eu de toutes les armes et de toutes les origines. Certains officiers logeaient chez l’habitant : ex : le sous-lieutenant LESPES chez M GOMO, le capitaine MARESCAUX, chez Amélie LHUILLIER rue de Toul, le lieutenant PLENOT à l’école, le médecin-chef SIGON chez Charles BERNEL, le commandant THIERY logeait au pavillon des officiers (maison carrée)...
Suite à l’arrêt de l’offensive allemande devant Nancy, Villey le sec retrouva une tranquillité toute relative.
Le dimanche à la messe bien des places sont vides. Le curé de la paroisse exhorte ses paroissiens à ne pas perdre courage et à supporter les épreuves qui les attendent.
Le 1er août 1914 « jour de la mobilisation générale ».
Réunion extraordinaire du conseil : pour gérer la nourriture des postes de garde, des voies de communications.
Il est décidé de placer en cas de siège, les archives de la mairie, état civil, matrice etc. dans la cave voutée de M LHUILLIER.
Une permanence à la mairie est organisée pour signer les pièces communales et les réquisitions.
Les réunions se font plus rares. Le Maire est souffrant et certains conseillers sont mobilisés, il ne reste souvent que 3 ou 4 personnes.
Puis le Maire reçoit cette instruction du gouverneur de Toul :
j’ai l’honneur de vous informer qu’à la date de ce jour j’ai pris un arrêté décidant l’évacuation des « bouches inutiles » de Villey. Ci-joint liste des personnes à évacuer…
Après bien des hésitations, certains se décident à tout quitter et à prendre le train, mais pour aller où ?
C’est ainsi que par exemple, Adrienne CUREL restée seule avec 3 enfants, emmène avec elle, la Veuve MICHEL. Elles chargent leurs bagages sur le char à bancs et direction la gare de Toul.
Des voitures 3ième classe attendent les voyageurs sur une voie de garage. Elles retrouvent des voisins, les MOTA et beaucoup d’autres. Commence un pénible voyage vers l’ouest, dans des conditions épouvantables. Arrivés à Meaux, ces gens sont conduits au séminaire. Tout va bien, on espère retourner à Villey le sec rapidement. Si seulement on avait des nouvelles des mobilisés.
À Villey il ne reste plus que 145 habitants et des maison vides, rapidement occupées par une Compagnie du 41ième régiment de territoriaux.
Les cultivateurs se sont organisés pour faire la moisson et rentrer les récoltes avec les femmes et les habitants restants.
Les Allemands poursuivent leur avancée et approchent de Meaux la population devra bientôt évacuer. Une nouvelle fois, nos gens font leurs ballots pour évacuer vers le sud.
A Pont sur Yonne, le train s’arrête, on fait quelques pas mais Félix CHRÉTIEN s’écrie : « c’est le canal, il n’y a qu’à suivre le chemin et on arrivera en bas de la côte de Villey le sec ». On aura bien du mal à lui faire réintégrer le wagon. Il s’arrêtera à Sens, le nouveau lieu d’hébergement, pour attendre la fin de la guerre.
Mais ça ne plait pas à Adrienne qui décide de rentrer à Villey où elle espère avoir des nouvelles de son mari. Elle arrive en gare de Toul et le retrouve, mobilisé comme boulanger au fort de Toul du
Mont st Michel. Le lendemain, munie d’un laissez-passer elle est conduite à Villey. Sa maison est occupée par la troupe mais on lui rendra bien vite les pièces de son habitation, par chance son mari sera muté comme boulanger au fort de Villey.
En juillet 1916 le conseil vote l’achat d’une plaquette de marbre pour inscrire les noms des braves tombés au champ d’honneur et ceux cités à l’ordre de l’armée. En 1916 il y en avait déjà 8.
En 1917 la commune demande à l’autorité militaire de réparer le chemin du barrage abimé par le passage des camions et voitures qui vont au camp de Bois l’évêque. Tous les chemins ont subi de gros dégâts au passage des troupes.
Le 11 novembre 1918, rien de particulier n’est relaté dans le registre des délibérations. Je suppose que comme partout en France les cloches de l’église ont sonné à grande volée. La population a attendu le retour des mobilisés, des blessés.
Si le village de Villey le sec a échappé aux grands malheurs de cette guerre, ses enfants ont payé un lourd tribut. Ils sont 15 à avoir donné leur vie pour la patrie.