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Une journée terrible de 1944
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La capitulation de l’Allemagne, le 7 mai 1945, à 2h41, marque la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale, les combats devant cesser le 8 mai à 23h.
Le 10 septembre 1944, Villey le sec était libéré. Un ancien habitant, enfant du village au moment des faits, Raymond LAROPPE m’a montré un article de l’Est Républicain de 1969.
L’Est Républicain m’a gentiment autorisé à reprendre cet article qui narre cet épisode de la vie de notre village. Voilà ce qu’il racontait :
Pour ne pas entendre sonner la libération, les Allemands dynamitent l’église de Villey le sec.
Il y a vingt-cinq ans, le Toulois, qui vivait ses premiers jours de libération, pansait ses blessures, pleurait ses morts.
Les dernières heures de l’occupation Allemande avaient été particulièrement douloureuses, de nombreux villages subissant une répression barbare. Villey le sec et les autres communes connurent des journées tragiques.
Quand les Allemands quittèrent Villey le sec, ils laissèrent derrière eux des ruines fumantes : l’église avait été dynamitée, onze maisons incendiées. Ce n’était pas tout, car plusieurs hommes avaient trouvé la mort, dont le maire du village.
Fin août-début septembre, pendant plusieurs semaines les Allemands s’accrochent à Villey le sec. Quatre cents hommes sous les ordres du major KINTZ occupent ce point d’appui qu’ils vont défendre avec acharnement, face aux américains dont les batteries sont toutes proches. Ils vont semer la terreur et la désolation parmi la population. Les villageois vivent dans les caves. Ils ne peuvent en sortir sauf une heure par jour de 7 à 8h et encore, doivent-ils prévoir de se terrer avant car les rafales partent vite. « À 8h, c’était la mitraillette » se souvient encore un témoin de cette époque.
Entre temps des maisons sont pillées, des chevaux volés, des vaches abattues sans aucune raison car elles restent abandonnées sur place. De rares passants se voient dévalisés et s’estiment tout heureux de s’en tirer à bon compte. L’artillerie Américaine pilonne les positions Allemandes et une première fois les villageois croient en leur libération. Les envahisseurs n’ont plus le moral et s’éparpillent en hurlant « zuruck » ; ils se replient.
Les habitants respirent et attendent les Américains. Espoir déçu car ceux-ci restent sur leur position, et vers 20h les Allemands réapparaissent. C’est donc dans l’après midi du 6 septembre 1944 que va se perpétrer un horrible crime. Une section fait irruption dans la cave de M. DECOUTEIX. Ils font sortir tous les hommes qui l’occupent et les conduisent vers les fossés du fort à la batterie sud, les alignent contre le mur. Un temps se passe, certains hommes accoutumés aux lubies de l’envahisseur, se sont assis. D’autres commencent à rouler une cigarette. Soudain, en même temps que claque un ordre sec d’un « feldwebel », l’un des français, M. Jules BREUIL barragiste qui vient de voir dégoupiller une grenade hurle à plein poumons : « ils nous tuent, sauve qui peut ! » Un déluge de feu s’abat. Cinq hommes seront tués, cinq autres parviendront à s’échapper de cet enfer. L’étau Américain se resserre. Les Allemands sentent qu’il va bientôt falloir lâcher prise.
Dans les oreilles du major KINTZ tintent encore les cloches des villages voisins que ses troupes ont quittés en abandonnant leurs positions et qui célébraient la libération. Il ne veut pas entendre ces cloches ici, à Villey le sec. Alors il lâche un ordre. L’église est dynamitée. Onze maisons sont volontairement incendiées. Le Maire de la commune M. HUMBERT est sorti pour se rendre compte du désastre. Il est empoigné conduit dans les fossés et fusillés sans autre forme de procès. Le major KINTZ peut-être satisfait : les cloches de l’église de Villey le sec attendront la reconstruction de l’édifice pour sonner la victoire.